Le personnage n'est pas particulièrement sympathique et il écrit de la philosophie comme on écrit un tutoriel Python. Mais j'applaudis sa détermination: il mène un véritable 

, pour que nous sortions du physicalisme et que nous acceptions la vérité de l’idéalisme moniste. Il y a quelque chose qui met mal à l’aise dans son obstination, mais en même temps, cette volonté de changer le cours de l’histoire, de la part d’un philosophe, de nos jours, ça interpelle je trouve (il y a eu 

Et puis, en ce qui me concerne, ça me parle: si on peut raisonnablement penser que ses conclusions sont justes, le monde devient d’un seul coup beaucoup plus intéressant: déjà, on devient immortels, les extraterrestres sont parmi nous et les phénomènes psi – télékinésie, télépathie, vision à distance,… deviennent banals.

Bernardo Kastrup

Ce livre explique très bien que la trame logique que nous imposons sur le monde est une construction purement artificielle qui ne tient sa cohérence interne que de notre ingéniosité. En d’autres termes, la carte n’est pas le territoire. Ce que Kastrup nomme les « appels de l’absurde », autrement dit les phénomènes psi, les apparitions d’OVNIs etc, sont l’expression nécessaire de ce que l’Univers se manifeste par toutes sortes de phénomènes qui échappent, et de loin, à notre trame narrative consensuelle. Ces phénomènes ébranlent alors non seulement nos catégories scientifiques, mais également nos catégories mytho-poétiques, car en effet:

en sciences, nous devons nécessairement évaluer les conséquences macroscopiques des phénomènes quantiques, ce qui conduit inévitablement à une conception probabiliste du monde ou, si on pousse le bouchon, à un univers qui répondrait aux attentes formulées par la conscience;

en ce qui concerne notre rapport au monde et à la façon de l’appréhender, Jung suggère que la conscience surnage sur un océan inarticulé, ou pour le moins inarticulable pour nous, d’idées, d’entités, de mythes, qui nous traversent et nous informent sans que nous ayions la moindre idée de leurs mécanismes, de leurs intentions.

Kastrup nous invite essentiellement à désacraliser la logique, à comprendre que, si nous voulons dépasser notre paradigme mytho-scientifique dominant qui, selon lui, prend l’eau de partout, nous devons avoir le courage de quitter le pré carré sécurisant d’une rationalité qui ne convainc qu’elle-même.

Ce livre est en quelque sorte une ré-actualisation du mythe de la caverne. Il est une invitation à abandonner la logique comme tout critère de vérité, à trouver ailleurs l’inspiration qui nous permettra d’habiter un monde infiniment plus vaste que les confins étriqués de notre conception radicalement bivalente de la vérité. Platon suggérait que la Beauté pourrait être ce guide et Kastrup de lui emboîter le pas, sans toutefois que l’on doive ce limiter à cette seule piste.

Beaucoup d'exemples de "grande étrangeté"

The calls of the absurd

Un livre essentiel pour apprivoiser notre fascination pour l'absurde.

Meaning in Absurdity: What bizarre phenomena can tell us about the nature of reality

Invitée de Freddy Drabble dans Chasing Consciousness, je ne la connaissais pas avant. Mais comme le podcast parlait du Phénomène, il fallait que je l'écoute, et j'ai été suffisamment séduit que pour lire son 

Diana W. Pasulka

Disons-le d’emblée, ce livre n’apporte rien de véritablement nouveau sur le plan concret. Tout au plus une bonne synthèse du tissu mythologique dont la trame est lancée depuis 80 ans ou plus. Un arc narratif qui tient assez bien la route: un récit qui commence dans le désert où Diana est initiée sur un lieu sacré de la quête mythique de la vérité sur les ovnis et qui finit au Vatican, qui est en quelque sorte sa terre d'adoption puisque Diana est spécialiste en étude des religions ET catholique, où son initiateur est à son tour initié puisqu’il décide, contre toute attente, de se convertir – sa première communion sera sacrée par le pape lui-même! 

Le substrat factuel est donc extrêmement mince: il est essentiellement question de deux personnages qui parlent sous pseudonyme: James et Tyler D. Évidemment, la blogosphère s’est immédiatement liguée pour comprendre qui ils étaient. James a admis depuis sa réelle identité: il s’agit de 

, professeur à Stanford, détenteur de nombreux brevets dans le domaine des biotechs, et entrepreneur à succès. Selon toute vraisemblance, Tyler D. serait 

, lui aussi entrepreneur dans les biotechs et ingénieur ayant travaillé pour la NASA qui a aussi offert ses services à SpaceX. En plus de ces deux personnages centraux, on découvre aussi quelques autres individus plus ou moins publics, qui ont fait profession de foi sur leur détermination à comprendre le Phénomène. Citons Edgar Mitchell, ancien astronaute sur la mission Apollo 14 et fondateur de l’Institut des Sciences Noétiques.

Ce qui rend ce livre intéressant, c’est qu’il fait honneur à ce qu’on pourrait décrire comme le Grand Mystère qui entoure le phénomène. Il y a les nombreux parallèles, établis de longue date par Jacques Vallée, entre divers types d’apparitions qui ont été amalgamées avec différentes traditions religieuses et un certain nombre de traits distinctifs liés aux ovnis. Mais il y a aussi, et surtout, la dimension subjective telle que décrite par les individus qui les ont perçues, où la stupéfaction et parfois la terreur, laissent place le plus souvent à une forme de fascination mystique. Ce qui est frappant, et que Diana met bien en lumière, c’est la tranformation personnelle qui s’ensuit et qui n’est pas sans rapport avec les illuminations spirituelles, relativement fréquentes et en tout cas bien connues, que l’on associe souvent à une forme ou l’autre de religiosité. La conversion de Tyler, donnée en point d’orgue du livre, en est évidemment la parfaite illustration.

Là où ce livre fascine et innove, à mon avis, c’est en suggérant non seulement la possibilité d’une évolution spirituelle médiée par une forme de Contact, mais en indiquant un chemin possible vers cette évolution; un chemin qui fait la part belle tant à la science et à la technologie qu’à la découverte de notre capacité à nous ouvrir à une forme de Grâce nous permettant d’accéder à des pouvoirs de type psychique. Un cercle virtueux se met alors en place, où nos intuitions inspirées se transforment en technologies qui, à leur tour nous permettent d’amplifier ces intuitions pour les rendre de plus en plus claires, de plus en plus opérantes. C’est là que les personnages de James et de Tyler fascinent, car tous deux donnent des indices très concrets de la façon dont, selon leurs dires, ils seraient touchés par cette Grâce et comment nous pourrions peut-être, nous aussi, nous en approcher.

J’ai commencé par lire le deuxième livre de Diana Pasulka sur ce sujet, « 

 », qui est la suite de celui-ci et je n’y avait trouvé que peu d’intérêt. « American Cosmic » est un livre beaucoup plus important à mon avis et je comprends que Diana en ait tiré une belle notoriété. Peut-être devrais-je maintenant relire  « Encounters »,…

Ce chapitre est intéressant parce qu’il est indéniable que nous vivons dans un monde où fiction et réalité se mélangent. Diana parle des Docudramas, ces faux-documentaires qui mélangent réalité et fiction. Certains sont de vraies œuvres de création, comme 

, mais ils ne sont pas sans poser problème. Le Jedi-ism est une religion inspirée de Star Wars et il y a un documentaire « If Star Wars Was Real » qui a entraîné une sorte de culte. Diana souligne que « vouloir croire » est une sorte de tendance lourde de notre époque (je pense qu’elle explique que cette expression remonte aux X-Files). Whitley Strieber, qui assume de pied ferme la réalité de son abduction, avoue néanmoins qu’il a été influencé par les films de science-fiction de catégorie B qu’il a visionnés pendant son enfance (voir 

L’influence des médias sur notre perception du Phénomène

When Star Wars Became Real

Le premier livre de Diana Pasulka, qui l'a propulsée parmi le panthéon des exégètes du Phénomène.

American Cosmic

Jim Sparks

Comme tous les récits d’abduction, celui-ci commence par montrer à quel point le processus est traumatisant. On comprend qu’il ne faut souhaiter à personne de vivre cette expérience. S’ensuit une grande confusion, de la colère, l’envie constante de prendre la fuite, même si le phénomène le rattrape toujours. Les abductions se répètent encore et toujours et leur souvenir est chaque fois aussi net et précis. On a le sentiment qu’il est traité un peu comme du bétail, en y ajoutant un peu de tendresse… disons comme un animal de compagnie.

Pour Jim Sparks, ses ravisseurs possèdent des technologies extrêmement avancées qui leur permettent de jouer avec les dimensions et donc d’apparaître et de disparaître à volonté. Ils auraient la capacité de manipuler le temps. Ils ont également une compréhension intime de notre biologie, et ont le pouvoir de nous soigner presque miraculeusement. Ils ont aussi le don de télépathie.

Un des aspects les plus intrigants du livre concerne l’apprentissage par Jim Sparks de leur « alphabet », lequel est d’ailleurs donné au complet dans le livre. Dans un passage, il explique comment celui-ci permet comme par miracle une forme du condensation progressive du sens si bien qu’un long texte peut se résumer par quelques brefs symboles. D’ailleurs, en annexe, deux spécialistes font quelques élucubrations savantes sur ce système, qui donnent envie d’y regarder de beaucoup plus près…

À la toute fin, Jim Sparks fait état d’une expérience ultime. Alors qu’il n’avait semble-t-il jusqu’ici rencontré que des Gris – les humanoïdes à grands yeux noirs, aux membres filaires et à la peau grisâtre, cette rencontre le met en contact avec ce qui semble être une race de reptiliens. Ceux-ci lui font des révélations fracassantes qui éclairent sa trajectoire singulière d’un autre jour: les aliens auraient contacté nos élites il y a longtemps pour les avertirs que nous étions sur une trajectoire délétère pour l’avenir de notre planète – celle-ci serait en train litéralement de mourir. Nos gouvernements auraient demandé de leur accorder du temps pour annoncer une potentielle collaboration avec ces intelligences non humaines, qui auraient en leur possession les technologies qui nous permettraient de subvenir à tous nos besoins, énergétiques et alimentaires, sans mettre la Terre en danger. Nos élites les auraient trahis et c’est pourquoi les aliens auraient désormais décidé de privilégier une sensibilisation de la population générale, en passant outre la sphère politique et militaire.

Au final, ce message permet à Jim d’envisager son expérience différement. Il ne nie pas pour autant que nous soyions traités comme une race inférieure – du « bétail ». Mais en même temps, il comprend que les aliens veulent nous responsabiliser et mettent en nous leur confiance, considérant qu’il s’agit après tout de « notre » planète. Au passage, Jim est maintenant végétarien, alors qu’il avait toujours été un grand amateur de viande.

Bref, ce livre, malgré un style rébarbatif à souhait, offre une perspective complexe et nuancée sur le Phénomène et c’est à raison qu’il figure en bonne place parmi les classiques du genre pour les « initiés ».

Jim Sparks est un témoin tout à fait exceptionnel du phénomène d’abduction, ce qui n’en fait pas un bon écrivain – sa prose est exécrable: il est le seul a avoir des souvenirs précis « à 95% » de tout ce qu’il a vécu, là où les milliers d’autres cas similaires émergent grâce à l’hypnose. Ce fait en soi rend la lecture de ce livre captivante.

Qu'il s'agisse d'hommes ou d'animaux, les abductions sont inséparable du Phénomène au sens large.

Abductions

The Keepers

C'est une figure absolument incontournable de l'ufologie. Il a fourni un véritable travail de fourmi en identifiant, à travers l'Histoire, toutes sortes d'occurences de phénomènes d'appararition de gnomes, fées, lutins,... ainsi que d'enlèvements de personnes et de bétail qui, malgré le prisme interprétatif propre à chaque époque, présentent davantage de similitudes que de différences.

Il est notamment connu pour la théorie du 

 Bien que toutes sortes de gens aient extrapolé à partir de là, mon avis est que Vallée, par souci d'honnêteté intellectuelle et pour rester crédible, se dit qu'il vaut mieux lancer des pistes que de se perdre en conjectures. Essentiellement, l'idée est que les Phénomènes sont le fait d'une intelligence non-humaine qui nous force à ré-évaluer constamment notre appréhension de la réalité. Les conséquences peuvent se faire sentir tant au niveau individuel que collectif et peuvent avoir des répercussions profondes sur notre vision du monde, sur nos conceptions scientifiques, religieuses ou spirituelles.

Mais il n'en dit pas plus: ni quelle est cette intelligence non humaine, ni quels sont ses buts. Ce qui est clair en le lisant, par contre, c'est que cette intelligence existe bel et bien.

Jacques Vallée

 »: quelques témoignages supplémentaires, une interprétation ufologique du miracle de Fatima et de guérisons miraculeuses attribuées à Notre-Dame de Lourdes. Il y a la fascination exercée sur Vallée par Uri Geller qui met un peu mal à l’aise étant donnée la réputation du personnage… En 2024, il y a sans doute un effet de répétition qui était encore absent à la parution du livre.

La partie de loin la plus intéressante concerne le 

 les phénomènes, malgré une certaine cohérence interne, offrent souvent des éléments déroutants, voire absurdes, qui les rendent absolument indigestes pour toute approche qui se voudrait en accord avec notre rationalité contemporaine. Ce brouillage des pistes, qui interdit toute appropriatoin du phénomène par les autorités publiques, militaires ou scientifiques, serait intentionnel. L’objectif du Collège Invisible est justement de se donner suffisamment de hauteur pour dépasser les limites de cette rationalité, tout comme avait voulu le faire le Collège Invisible de la compagnie de la Rose-Croix dont s’inspire Vallée, aux origines de la science moderne.

En somme, ce livre est une invitation, à travers une enquête sincère des phénomènes paranormaux en général, à refonder notre approche scientifique en y intégrant une dimension subjective, psychologique, voire spirituelle, car en conclusion du livre, ce qui apparaît c’est essentiellement l’idée que, par le 

, nous serions collectivement l’objet d’une sorte de profonde programmation qui opère sur le plan mythologique et qui, par là, transcende nos institutions politiques, sociales et scientifiques. Plutôt que de la subir, Vallée énonce le projet, en en comprenant les ressorts, que nous puissions nous l'approprier.

Vallée expose une attitude d’ouverture radicale face aux nombreux phénomènes inexpliqués impliquant soucoupes volantes, apparitions, enlèvements par des entités prétendûment extra-terrestres,... Cette attitude, qu’il partage avec les autres membres d’un « collège invisible » de co-enquêteurs, nous offre une perspective élargie qui, si elle empêche toute conclusion hâtive, donnerait néanmoins les indices d’un projet plus vaste que Vallée appelle le « Control System ».

The Invisible College

 un peu par hasard et je dois avouer que j’ai été captivé…

Whitley Strieber

L’expérience est vécue et narrée par un écrivain de renom dans un souci d’objectivité: il y a de nombreux et longs passages qui retranscrivent verbatim les séances d’hypnose du narrateur menées par un psychiatre.

où l’auteur comprend que qu’il partage son vécu avec toutes sortes d’autres personnes. Si les expériences ne sont pas identiques, un grande quantité de traits communs se fait jour: la curiosité apeurée des personnages qui les approchent, leur différentiation hiérarchique entre petits « ouvriers » et un personnage souvent féminin d’une grande sagesse apparente et qui suscite attirance particulière, voire de l’amour, en dépit d’une physionomie totalement étrangère à la nôtre. Les entités ressemblent à peu près parfaitement à l’archétype que le cinéma nous a transmis: une peau grisâtre, des combinaisons complètes, une grosse tête, de grands yeux noirs toute-pupille ayant un pouvoir hypnotique, etc.

Le récit d’une anamnène hypnotique d’un cas classique d’abduction.

Communion: A True Story

C'est une lecture quasi obligée pour quiconque s'intéresse au Phénomène. L'idée fondamentale est exposée au dernier chapitre. Le reste est un peu redondant et fatigant à lire, bien qu'on comprenne pourquoi toutes ces histoires sont exposées. Un étonnant travail de recherche, en tous cas!

Ceci est le premier livre où Jacques Vallée expose sa théorie du "control system", théorie qu'il développera encore beaucoup par la suite. On y trouve une longue série de rapports de phénomènes qui ont ébranlé les certitudes de nos congénères au cours de l'histoire, où sont décrits les agissements de fées, trolls et magiciens, personnages troublants que Vallée associe aux extra-terrestres d'aujourd'hui.

Passport to Magonia

Une chose, en guise de mise en garde: de manière générale, je dirais que le propos est un peu décousu. Le projet est ambitieux, mais on comprend assez bien l'intention malgré tout, ce qui n'est déjà pas mal même s'il faut souvent un certain travail d'imagination pour faire le lien entre les différents chapitres.

À ce titre, les deux premiers chapitres semblent particulièrement hors propos: il y est question du travail d'une femme certes remarquable – Iya Whiteley, qui a travaillé sur la psychologie des pilotes de ligne et sur leur difficulté à rapporter les dysfonctionnement divers qui peuvent avoir lieu dans un cockpit. Certes, un rapprochement peut être fait avec le frein psychologique desdits pilotes à rapporter l'occurences de phénomènes aériens inexpliqués ("ovnis"). Mais au chapitre 2, il est question d'un projet personnel de la chercheuse: la mise au point, grâce à l'IA, d'un système d'interprétation du "langage de la Terre", projet qu'elle entend mettre en œuvre à travers des 

 pour bébés. C'est passionant, certes, mais où est le lien avec le reste du livre? Alors peut-être que c'est parce qu'il y est question d'IA, et que Iya veut utiliser l'IA pour interpréter les signaux de la nature, et que l'hypothèse qui soutient un peu cette entreprise, c'est la réalité du panpsychisme? Cette idée serait alors une sorte de clé pour comprendre la suite? En tous cas, on a le sentiment d'une intuition peu ou mal formulée.

En tant que chercheuse en étude des religions, l'intuition de départ de Diana est que les phénomènes inexpliqués impliquant des ovnis ou de prétendus "extra-terrestres" sont une forme contemporaine de spiritualité. Elle avoue avoir présumé du caractère possiblement naïf du phénomène et le sentiment qu'on a c'est qu'elle en est sortie, en quelque sorte, conquise. Chapitre après chapitre, Diana rencontre des 

, la plupart de brillants scientifiques qui ont soit lancé des entreprises technologiques à succès, soit travaillé dans les programmes spatiaux nationaux. Ils reconnaissent devoir leurs talents extraordinaires à leur capacité à “télécharger” des connaissances sans effort. En tant que lecteur, on doit accepter la frustration qu’aucun de ces personnages a priori fascinant n’est prêt à partager sa véritable identité. Deux exceptions: Jacques Vallée, une référence incontournable de l’ufologie, l’invite dans son appartement à San Francisco où il partage sa passion pour les livres anciens qui parlent d’anges – déchus ou pas, et elle révèle également que certains célèbres 

 qui ont joué un rôle crucial dans l’histoire des débuts de la guerre froide sont des adeptes du rosicrucianisme. L’autre exception, c’est Gary Nolan, un éminent scientifique et entrepreneur, professeur à Stanford, qui ne fait pas secret de ses convictions sur l’existence d’une intelligence non-humaine présente sur terre.

Diana Pasulka a travaillé à Hollywood et ça se sent, car son livre n’est pas exempt d’une volonté de séduire. Malgré tout, on a l’impression qu’elle se prend au jeu. Elle fait sans cesse des parallèles avec l’histoire des religions. La référence aux hérésies me semble intéressante et fertile. 

Une évocation un peu confuse de l'émergence d'une nouvelle religion...

Encounters: experiences with nonhuman intelligences

Ce livre, publié en 2001, mais relatant des faits remontant à quelques années auparavant, comporte des éléments vraiment intriguants. Évidemment, c’est l’hypothèse de départ qui est la plus difficile à gober. Mais Strieber est très insistant sur ce point. À moins qu’il ne soit un menteur avéré – à ce stade, je ne sais rien du personnage et n’ai donc aucun avis à ce sujet, il faut croire en sa bonne foi. Il se pourrait évidemment qu’il ait halluciné, ou rêvé, quoi qu’il explique comment s’être assuré que ce n’ait pas été le cas. Et même si ça l’était, ce récit reste néanmoins étonnant.

Une chose m’a frappé tout de suite, c’est l’allusion à l’intelligence artificielle:  on est donc fin des années 90. Voici un court extrait:

If you create a machine as intelligent as yourselves, it will end by being more intelligent.

Most certainly. But you cannot survive without it. An intelligent machine will be an essential tool when rapid climate fluctuation sets in. Your survival will depend on predictive modeling more accurate than your intelligence, given the damage it has sustained, can achieve.

How does an intelligent machine become conscious?

The instant it realizes that it is not conscious is the instant it becomes conscious. However, a conscious machine with unlimited access to information and control can be very dangerous. For example, if you attached a conscious machine to the Internet, it might gain all sorts of extraordinary control over your lives, via its access to robotic means of production, governmental data, even the content of laws and their application, and the use of funds both public and private.

Ces questions sont tellement contemporaines qu’on ne peut que s’étonner de ce qu’il faut bien appeler une certaine forme de préscience.

Pour ce qui est du reste des “révélations”, je suppose qu’elles m’ont capté parce qu’elles font fortement écho à mes propres réflexions. Par exemple, au tout début de la conversation, le visiteur dit que nous devrions “retourner dans la forêt”. Strieber rétorque que c’est impossible que 6 milliards de personnes retournent à la forêt (23 ans plus tard, il y en a 2 milliards de plus!!!), à quoi le Visiteur répond qu’en effet c’est impossible, et que nous sommes condamnés, à moins de trouver une issue. J’avoue: un éco-anxieux sévère gît au fond de moi.

Mais c’est là que ça devient intéressant. Le Visiteur explique que les cycles du climat sont un moteur naturel de l’évolution des espèces intelligentes mais que notre cupidité nous a conduit à accélérer les choses au point d’être sur le point de provoquer l’extinction de notre espèce. Jusque là, rien de nouveau. C’est ici que ça se corse, car la climatologie se mélange très vite à toutes sortes d’éléments mythologiques et religieux. Pour commencer, “Dieu est en colère” et le Visiteur répète à l’envi que nous sommes une espèce “déchue”, mais parce que, paradoxalement, nous 

aussi Dieu, nous sommes malgré tout encore capable de nous sauver. Le salut dépend principalement de notre capacité à évoluer spirituellement. Là encore, rien de nouveau, le constat est sans appel: nous avons asservi les trois quarts de l’humanité à la soif consumériste des Occidentaux tout en détruisant la planète et un nombre incalculable d’espèces vivantes. Le Visiteur nous rappelle au message originel des Évangiles et, essentiellement, de toutes les traditions religieuses, tout en insistant sur la perversion dont elles ont été victimes à partir du moment où elles ont fait l’objet d’intérêts politiques. Ce qui est original, c’est que la spiritualité, qui passe par la prière, notamment la prière collective, ouvrirait la voie à la découverte des technologies qui nous permettraient très concrètement de sauver notre peau. Mais pour nous ouvrir à cette possibilité inouïe de progrès, outre un sursaut spirituel et moral, nous devons encore passer outre 2 importants obstacles:

- les entités venues d’autres mondes qui veulent prendre possession de nos corps 

 qui survit à la mort physique – on y reviendra) et qui font tout pour décrédibiliser toute tentative de prise de conscience suffisamment élargie de notre vraie nature, comprendre par là que nous sommes bien plus que notre corps physique.

- la culture du secret qui enveloppe les prétendues élites qui, elles, connaissent la vérité de la continuité entre la localité de nos existences incarnées et la non-localité de la conscience élargie mais qui encore une fois, par cupidité ou égoïsme, préfèrent garder cette information pour leur seul bénéfice.

Enfin, le Visiteur insiste beaucoup sur une conception très “karmique” de l’existence où, à travers notre existence terrestre, notre corps énergétique ne ferait que, inlassablement, tenter de regagner ses vieux attachements que seule la méditation permet de relâcher.

Pour conclure: il n’y a rien dans ce livre qu’un écrivain aguerri comme Whitley Strieber n’aurait pu tirer de son chapeau, mais la fable séduit et personnellement, je trouve que ce tableau offre une belle synthèse de nombreuses théories, témoignages et autres conceptions plus ou moins crédibles qui entourent nombre de recherches sur la conscience, la spiritualité et, comme l’appelle Jacques Vallée, le Phénomène.

Raconté comme le témoignage d’une histoire vraie: un inconnu s’invite dans la chambre d’hôtel de l’auteur, connu pour ses récits d’abduction, et lui fait des révélations étonnantes sur le sens de la spiritualité, le destin de l’humanité, la vie après la mort et bien d’autres choses encore.

The Key – A true encounter

Edward Francis Kelly

Michael Grosso

Adam Crabtree

Emily Williams Kelly

Alan Gauld

Bruce Greyson

Le dualisme proposé dans ce livre, en alternative au monisme matérialiste dominant, peut avoir un petit côté suranné, dans la mesure notamment où une bonne partie des arguments proposés s'appuient sur les travaux de deux figures de l'Amérique du XIXe siècle: 

Depuis cette époque, la science a subi une énorme accélération et collectivement, avec les progrès techniques, nous nous sommes laissés éblouir par notre capacité à mettre la nature à notre service. Même si, comme l’a dit Michel Serres, la technologie est encore très loin de produire la plus simple mouche, la nature a perdu pour la plupart d'entre nous son pouvoir d’émerveillement.

Myers et James, s’émerveillent, et parce qu’ils n’appartiennent pas encore à notre époque ultra-technologisée, leur science ne ressemble pas à la nôtre car c'est une science qui laisse une place au mystère.

Une introduction aux différents thèmes du livre. Ce chapitre donne un exposé succint des différentes limites imposées par le physicalisme à l'exploration des capacités de l'esprit et fournit un aperçu des arguments qui seront donnés dans les chapitres suivants, où chacun de ces thèmes sera abordé en profondeur.

Chapter 1 – A View from the Mainstream: Contemporary Cognitive Neuroscience and the Consciousness Debates

Un inventaire d'arguments, donnés sur un ton académique, qui contredisent de façon très convaincante l'idée selon laquelle la conscience serait une propriété émergente de notre cerveau physique.

Irreducible Mind

Je lis beaucoup, parfois en diagonale, presqu’exclusivement des essais. Si je parle d'un livre, c'est que j'y ai trouvé quelque chose que je cherchais. Ne pas s'attendre à des comptes-rendus.

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