Ce livre explique très bien que la trame logique que nous imposons sur le monde est une construction purement artificielle qui ne tient sa cohérence interne que de notre ingéniosité. En d’autres termes, la carte n’est pas le territoire. Ce que Kastrup nomme les « appels de l’absurde », autrement dit les phénomènes psi, les apparitions d’OVNIs etc, sont l’expression nécessaire de ce que l’Univers se manifeste par toutes sortes de phénomènes qui échappent, et de loin, à notre trame narrative consensuelle. Ces phénomènes ébranlent alors non seulement nos catégories scientifiques, mais également nos catégories mytho-poétiques, car en effet:
- en sciences, nous devons nécessairement évaluer les conséquences macroscopiques des phénomènes quantiques, ce qui conduit inévitablement à une conception probabiliste du monde ou, si on pousse le bouchon, à un univers qui répondrait aux attentes formulées par la conscience;
- en ce qui concerne notre rapport au monde et à la façon de l’appréhender, Jung suggère que la conscience surnage sur un océan inarticulé, ou pour le moins inarticulable pour nous, d’idées, d’entités, de mythes, qui nous traversent et nous informent sans que nous ayions la moindre idée de leurs mécanismes, de leurs intentions.
Kastrup nous invite essentiellement à désacraliser la logique, à comprendre que, si nous voulons dépasser notre paradigme mytho-scientifique dominant qui, selon lui, prend l’eau de partout, nous devons avoir le courage de quitter le pré carré sécurisant d’une rationalité qui ne convainc qu’elle-même.
Ce livre est en quelque sorte une ré-actualisation du mythe de la caverne. Il est une invitation à abandonner la logique comme tout critère de vérité, à trouver ailleurs l’inspiration qui nous permettra d’habiter un monde infiniment plus vaste que les confins étriqués de notre conception radicalement bivalente de la vérité. Platon suggérait que la Beauté pourrait être ce guide et Kastrup de lui emboîter le pas, sans toutefois que l’on doive ce limiter à cette seule piste.