Kelly s’adresse à tous ceux qui comme elle, et comme moi, et comme probablement beaucoup d’autres, se sont mis soudain à se passionner pour ce curieux sujet et se sont retrouvés au milieu d’une cascade bouillonante et apparemment infinie d’informations, de théories et d’élucubrations en tous genre qui ont auront tôt fait de leur mettre la tête à l’envers.
Dans une brillante synthèse, elle commence par faire l’historique du Phénomène pour montrer que les témoignages à son sujet remontent à bien avant Roswell en 1947, car comme l’a très bien exposé Jacques Vallée, il s’est manifesté à de très nombreuses occasions dans des temps très reculés. Se pose immédiatement la question de la transformation d'une expérience vécue en un compte-rendu qui, par la force des choses, s'exprime toujours à travers les idées, les concepts, les précepts, éventuellement les mythes qui prévalent à chaque époque. Elle donne quelques exemples de récits à teneur mystique ou religieuse qui, en leur temps, ont été interprétés comme des apparitions divines ou des rencontres avec des êtres surnaturels mais qui donnent de nombreux indices qui peuvent faire penser aux ovnis plus contemporains. Ce type de témoignage doit nous faire réfléchir à la difficulté, voire à l'impossibilité de décrire des phénomènes qui échappent totalement au cadre explicatif prévalent à l'époque courante.
Pour ajouter à la difficulté à assimiler la nature du Phénomène, il faut aussi admettre la réalité de l'effort persistant et continu de la part des gouvernements de par le monde pour décrédibiliser les témoignages qui font état d'ovnis ou d'autres événements apparentés, ce qu'on a pu constater encore très récemment avec les révélations de Luis Elizondo et de David Grusch.
Enfin, les médias et notamment le cinéma, parce qu'ils fonctionnent selon une logique qui leur est propre, mettent invariablement en scène des petits êtres anthropomorphes à la physionomie stéréotypée qui finissent toujours par se révéler à nous avec la plus parfaite candeur là où, dans la vraie vie, tout ce qui nous est donné à connaître au sujet des intelligences non humaines ne prend la forme que d'indices plus ou moins vagues ne donnant lieu qu'à des suppositions plus ou moins plausibles.
Mais ce qui exige de nous le plus de vigilance, ce sont les propositions des algorithmes des réseaux sociaux, car ceux-ci exploitent notre curiosité et jouent sur les ressorts nos mécanismes cérébraux les plus instinctifs pour nous lancer sur un maximum de pistes improbables et plus que probablement décevantes.
Au final, Kelly Chase nous invite à considérer ce thème presque comme un sujet de méditation plutôt que comme un objet d'étude. Elle ne veut convaincre personne; le voyage importe plus que la destination.