Ep 36

An Interview with Bernardo Kastrup: UFOs, Ultraterrestrials, and Meaning In Absurdity

Bernardo donne son interprétation personnelle et, d'après moi, très satisfaisante intellectuellement, du Phénomène. Mais il faut pour ça en accepter les prémisses: sa théorie de l'idéalisme analytique (évidemment).

Bernardo, dans sa frénésie communicationnelle, résume encore une fois très bien les fondamentaux de son discours, ici selon la perspective singulière de son interprétation du Phénomène, qu'il explique dans son livre "Meaning in Absurdity: What bizarre phenomena can tell us about the nature of reality". Il commence par un résumé rapide de l'idéalisme analytique: la monde est constitué d'états mentaux, ce qui est évidemment à l'opposé de l'idée communément admise que le monde est constitué de matière et in fine, d'atomes. Une façon de visualiser cette idée c'est de s'imaginer que nous sommes "rêvés" par le monde. Mais au contraire de nos rêves qui deviennent facilement absurdes, le "rêve du monde" est régulier, consistant car, au contraire de nous qui sommes des êtres réagissants, le monde, lui, se suffit à lui-même. Dans ce monde, nous avons appris à observer les régularités que nous avons érigées en principes logiques et scientifiques. Mais ces principes peuvent être fallacieux comme quand par exemple, en s'appuyant sur la règle du tiers exclu (une chose ne peut qu'être vraie ou fausse), on pense pouvoir prouver l'existence d'un phénomène en démontrant qu'elle ne peut pas ne pas être. Ou inversément, et en extrapolant un peu, on a la position scientiste qui prétend pouvoir déclarer l'impossibilité de certains phénomènes en montrant qu'ils ne correspondent à aucun principe connu. C'est sans compter ce que Bernardo appelle le Control System, une notion qu'il reprend à Jacques Vallée: l'idée qu'aussitôt que le monde se trouve dans une position un peu trop confortable, ou que nos connaissances deviennent un peu trop stables, il fait surgir quelque chose de nouveau d'inattendu, qui nous force – et par conséquent le force – à mieux le connaître.

Ce phénomène de "haute étrangeté" – high strangeness, doit cependant, d'après lui, être considéré séparément de la matérialité des phénomènes observés, une matérialité qui, dit-il, ne peut pas être niée. Il évoque à ce sujet le témoignage de David Grusch et d'autres hauts gradés et scientifiques qui se sont publiquement exprimés sur ce point. Sans prétendre que ces deux aspects soient absolument séparés, il pense qu'il est important de les considérer comme distincts pour des raisons méthodologiques. Toujours en accord avec Jacques Vallée, il avance ensuite qu'en ce qui concerne ces aspects plus concrets et, il insiste là-dessus, extrêmement fréquents et répandus, l'hypothèse la plus crédible et en tous cas parsimonieuse, est de considérer que d'autres civilisations nous ont précédés, et qu'elles pourraient avoir trouvé refuge sous terre, ou sous les océans, pour se prémunir des potentiels évènements dévastateurs qui peuvent se produire à la surface. Il n'exclut pas cependant que les deux types de phénomènes, physiques et psychologiques, soient liés, mais que ce lien doit être fait après que chaque catégorie soit bien comprise isolément de l'autre.

Et pour l'anecdote, chose que j'ignorais, il explique avoir été lui-même témoin d'un phénomène d'ovni alors qu'il avait 10 ans.

© Candide Kemmler 2025

Made with